Avant tout je souhaite exprimer mes plus plates excuses à mon hôte. Il est vrai que je l’ai fait patienter de nombreuses semaines avant d’écrire ces premières lignes. Cela va de soi, une comtesse a le droit de faire un tout petit peu patienter la galerie. Toutefois, il ne serait pas très élégant de ma part de m’esquiver plus longtemps encore de cet exercice.
Cher maître des lieux, je vous remercie donc pour cette invitation et ne jouerai pas d’avantage avec vos nerfs. Je souhaiterais également insister sur le fait que ce n’est pas par caprice si la comtesse vous a fait attendre. Certes non. Jamais je ne vous ferai un tel affront. La raison est bien autre. Je vais donc tout simplement vous en avouer la teneur.
Mon ami, sachez que c’était par peur. Oui par peur ! Peur de ne pas être à la hauteur de vos attentes. Que peut donc écrire une comtesse du Plateau Bourbon qui pourrait vous étonner et vous surprendre ? Qu’ai-je à dire qui pourrait sortir de l’ordinaire ?
Et bien rien.
Absolument rien. Je n’ai rien d’extraordinaire à raconter. Je me lance donc dans cette aventure et vous préviens d’ores et déjà que je ne vous parlerai que de banalités.
Et ne pensez pas que les banalités ont dans un langage de comtesse une autre signification que dans le vôtre. Non il n’en est rien. Je ne brillerai par aucun trait d’esprit et me contenterai de vous parler de petites choses.
Vous ne lirez dans les lignes de la comtesse que des instants qui peuvent vous sembler futiles ou anodins mais qui du moins ont suscité en moi une émotion, petite ou vive. Car le bonheur réside aussi de temps à autre dans le partage de petits riens. Ces petits instants de la vie qui sont communs à tous. Des événements ordinaires comme une rencontre, un amour, un rire, une odeur, une émotion, … des interrogations.
Et bien oui je n’ai rien d’autres sous ma plume à vous offrir.
Voilà, la comtesse ne contera donc que des choses qui peuvent sembler insignifiantes et pourtant …
Vous serez donc prévenu !